La Tunisienne de la tradition à l’émancipation

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La femme arabe n’a pas le pouvoir, elle le subit, du point de vue : lois, mœurs et mentalités, les sociétés arabes sont misogynes. L’instrumentalisation impérialiste et néolibérale du mouvement féministe dans le monde arabe n’a tout de même pas aidé à reconnaître les luttes des militants et militantes pour que les femmes arabes puissent accéder au pouvoir.
Mais depuis quand il y a eu émancipation ? L’urbanisation et la féminisation de la main d’œuvre du monde entier, a propulsé la femme dans le domaine public à côté de l’homme, et l’a incité à disposer d’un pouvoir économique et social. Mais bien avant, en 1930 du combat du grand penseur de la mosquée Zeitouna et son livre « notre femme dans la charia’a et la société » en passant par Addelaziz Thâalbi et le président Habib Bourguiba, la Tunisie est devenue le premier laboratoire arabe musulman qui a posé les bonnes questions sur l’égalité, sur le statut de la femme et sur l’interprétation du sacré. La Tunisie a pu s’affranchir de l’interprétation rigoriste du texte et faire place au progrès, car inspiré d’un mélange de société où cohabitent dans le respect des cultes juifs chrétiens et musulmans, les Tunisiens sont la figure de la tolérance à laquelle ils tiennent pour l’équilibre de leur société.

Eugene Delacroix, La liberté guidant le peuple

L’histoire de la femme tunisienne avec ses différentes croyances et cultes a fait l’exception dans le monde arabo-musulman, La Tunisie est tout de même le premier pays qui a connu la première femme du monde arabe à être candidate à la présidence de la République Kalthoum Kannou. Avec 33,6 % de femmes députées au Parlement, la Tunisie dispose d’un taux plus élevé que celui de plusieurs pays, sachant que le taux de participation des femmes à la vie politique est de 29 % dans les pays européens, le taux de participation des femmes au gouvernement a connu également une évolution en 2017 puisqu’il est passé à 20% dont 6 ministres et 2 secrétaires d’État, le taux de présence de la femme dans le secteur judiciaire a également évolué puisqu’il est estimé aujourd’hui à 38,9% (845 femmes sur un total de 2171 magistrats) les taux les plus élevés dans le monde arabe et africain. La femme tunisienne est également très fortement présentée dans le secteur des médias le quatrième pouvoir du pays à 84 %, mais aussi dans l’industrie avec un taux respectable de 44%.

Il faut tout de même rappeler que le féminisme d’État s’est essoufflé dès les milieux des années 70.Le mouvement féministe qui a succédé est le féminisme associatif, issu de la société civile. Cette nouvelle énergie continue à servir d’aiguillon à de nouvelles conquêtes ; l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), et l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd), continuent à inciter les pouvoirs publics à aménager la législation en faveur des femmes tunisiennes.
Le pouvoir de la femme tunisienne est une concrétisation de la légitimité de ses droits depuis sa contribution et son omniprésence sur tous les fronts de batailles sociale économique et politique, de la colonisation jusqu’aux printemps arabes, ce qui lui a valu la réputation de la femme arabe la plus ouverte et la plus présente avec un pouvoir encore limité mais fortement défendu et réclamé par la société civile.

Garry Knight, liberté d’expression

Émancipation de la femme tunisienne

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